miércoles, 27 de agosto de 2025

Juguetes rotos (Manuel Summers, 1965)

Algo sucede dentro de un cineasta para que, como tantos, tras unos comienzos ambiciosos, prometedores y apreciables –Del rosa... al amarillo (1963), incluso La niña de luto (1964)–, y aunque ya empezara a coquetear con la conformidad y la rutina –El juego de la oca (1965)–, como aconseja el instinto de supervivencia, se juegue su futuro a una carta y, rompiendo con los usos y costumbres comerciales, haga una película documental y durísima, que nada tiene que ver ni con las anteriores ni, sobre todo, con las siguientes, que fueron, como hizo temer el fracaso de Juguetes rotos, cuesta abajo...

Manolo Summers, además de director de cine y ocasional actor, era dibujante de “monos”, de trazo infantil e inocencia solo aparente, primero muy críticos, después muy reaccionarios, o muy cínicos. Aunque prematuramente calvo, tuvo cierto aire de niño desnutrido, y parecía conservar hasta el final nostalgia de su niñez, y una residual añoranza, en medio de la amargura, de volver al cine de sus comienzos, aunque hay que decir que los reiterados intentos se saldaron con una caricatura involuntaria.

Un día, se preguntó qué habría sido de varios ídolos de su infancia, personajes públicos –toreros, boxeadores, futbolistas, cantantes, artistas de circo– entonces en la cúspide de la celebridad, ricos, famosos, queridos y admirados por todos, y sobre los que había caído un pesado y espeso silencio. Era pronto, se dijo, para que hubieran muerto. Y se puso a seguir su pista. Como resultado de sus pesquisas, los encontró... en un hospital, en un asilo de ancianos, en una pensión de mala muerte. Solos y abandonados, sin dinero, sin amigos, olvidados, en precario estado de salud, sonados o prematuramente envejecidos. Alguno, humillado y deprimido, otros altivos y desengañados, aquél perdido en la irrealidad vaporosa de loa recuerdos conservados en alcohol, otro más resentido o amargado.

Tan deprimente descubrimiento le llenó de indignación, y decidió no sólo darles conversación y filmarla, sino exponer la injusticia con que, como los juguetes rotos y ya inútiles por los niños, eran arrinconados por la sociedad.

El panorama de una España deprimente y de una vejez desprotegida, y de la ingratitud generalizada para con las viejas glorias, no gustó nada a censura, en tiempos en los que España se vendía como “different”, alegre y soleada a los turistas. La película de Summers sufrió unos 80 cortes. Uno de los miembros de la Comisión de Censura, que ejercía de crítico en un diario piadoso, se permitió reprocharle, entre otros defectos, un pésimo montaje, del que al parecer era más responsable el crítico que el cineasta.

Los tajos censoriales no hicieron sino agudizar la aspereza y la brusquedad malhumorada de la película, que, mal distribuida y acogida, no tuvo, lógicamente, ningún éxito entre el público. A nadie le gusta verse reflejado como un ingrato, ni que le acusen de destruir a sus ídolos y luego abandonarlos a su triste suerte. A nadie le agrada contemplar lo que tal vez, sin ser siquiera famoso ni nunca nada parecido a rico, le espera en sus últimos años. El público le dio la espalda, bendecido por buena parte de la crítica, que acusó a Summers de “crueldad” y hasta de “explotar” a esos pobres viejecitos: Paulino Uzcudun, Gorostiza, Nicanor Villalta, El Gran Gilbert, Pacorro, Román Alís....


JUGUETES ROTOS (1965)

Jouets cassés

de Manuel Summers

Qu'arrive-t-il à un cinéaste pour qu'après des débuts ambitieux, comme d'autres, prometteurs et intéressants (Del rosa... al amarillo, 1963, La niña de luto, 1964), et bien qu'il ait commencé à flirter avec le conformisme et la routine (El juego de la oca, 1965) comme son instinct de conservation lui conseillait, il mise son avenir professionnel sur une seule carte, et pour que, rompant avec les us et coutumes commerciaux, il réalise un documentaire très dur, qui n'a rien à voir avec ses films précédents et moins encore avec les suivants, qui furent, comme l'a fait craindre l'échec de Juguetes rotos, une dégringolade...

Manuel Summers, en plus d'être metteur en scène de cinéma et acteur occasionnel, était dessinateur de "vignettes" au trait enfantin et innocent (de pure apparence), d'abord très critiques, puis très réactionnaires ou très cyniques. Bien que prématurément chauve, il avait un certain air d'enfant mal nourri, et il sembla conserver jusqu'à la fin la nostalgie de son enfance, et un reste de désir, dans beaucoup d'amertume, de revenir au cinéma de ses débuts, bien qu'il faille admettre que ses tentatives répétées s'en soldèrent par la caricature involontaire.

Un jour, il se demanda ce qu'il était advenu de quelques idoles de son enfance, personnages publics (toreros, boxeurs, footballeurs, chanteurs, artistes de cirque) autrefois au sommet de la célébrité, riches, aimés et admirés de tous, et sur lesquels était retombé un silence pesant et épais. Ils étaient encore trop jeunes pour être morts, se dit-il. Et il partit à leur recherche. Au bout de ses enquêtes, il les retrouva... dans un hôpital, dans un hospice de vieillards, dans une pension minable. Seuls et abandonnés, sans argent, sans amis, oubliés, en mauvaise santé, sonnés ou prématurément vieillis. L'un humilié et déprimé, l'autre hautain et déçu, un autre encore perdu dans l'irréel vaporeux des souvenirs conservés dans l'alcool, un autre enfin amer et aigri.

Cette découverte si déprimante le remplit d'indignation, et il décida non seulement de leur donner la parole et les filmer en train de s’exprimer, mais aussi d'exposer l'injustice avec laquelle, tels les jouets cassés devenus inutiles aux yeux des enfants, ils étaient délaissés par la société.

Ce panorama d'une Espagne déprimante, d'une vieillesse laissée à l'abandon et de l'ingratitude généralisée à l'encontre des gloires anciennes, déplut fortement à la censure, en ces temps où l'Espagne se vendait aux touristes comme "différente", joyeuse et ensoleillée. Le film de Summers dut subir quelque 80 coupes. Un des membres de la Commission de Censure, critique dans un quotidien pieux, se permit même de lui reprocher, entre autres défauts, un montage "épouvantable", dont il était semble-t-il plus responsable lui-même que le cinéaste.

Les coupes de la censure ne firent qu'aiguiser l'âpreté et la brusquerie bougonne du film, qui, mal distribué et mal reçu, ne rencontra, en bonne logique, aucun succès public. Personne n'aime se voir représenter sous les traits d'un ingrat, ni être accusé de briser ses idoles et de les abandonner ensuite à leur triste sort. Personne n'aime voir projeté ce qui peut l'attendre à la fin de sa vie, sans même être célèbre ni bien riche. Le public lui tourna le dos, béni par bonne partie de la critique, qui accusa Summers de "cruauté" et même "d'exploiter" ces pauvres petits vieux, qu'étaient devenus Paulino Uzcudun, Gorostiza, Nicanor Villalta, Le Grand Gilbert, Pacorro, Román Alís…

Para Cinéma du Reél 2005 (marzo de 2005)

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