Solo a unos inconscientes principiantes se les podía ocurrir la idea de filmar sin tapujos -habría que averiguar cómo lo consiguieron- la realidad desoladora de un hospital psiquiátrico en la España inmediatamente posterior al fin de la dictadura. Fue la primera y única película de sus dos correalizadores, el segundo firmante un crítico de cine y de teatro bastante conocido, ya fallecido, el otro, para mí, tan desconocido hoy como entonces.
Les salió una película nada convencional. Desnuda, seca, dura y desagradable como muy pocas rodadas en España, antes desde luego, pero también después. Sin convencionalismos, sin actores, aunque sí con personajes. ¿No se considera loco al que se ve habitado por otro ser? ¿No actúa de una manera disconforme con lo que se considera estadísticamente normal, sin cumplir las normas establecidas de educación, urbanidad e hipocresía? ¿No cuenta historias que nadie cree, a las que se buscan explicaciones simbólicas, metafóricas, traumáticas?
Como no sabían hacer cine, más que de verlo, y les faltaban hasta los rudimentos de la técnica, y más aún los hábitos adquiridos y el sentido de la rutina que a veces pasa por “oficio”, se apañaron como pudieron, con poco tiempo y pocos medios materiales, aprovechando el desconcierto y la inaudita libertad recién recuperada de esos años de la transición. No hacía falta más para capturar sin maquillajes una realidad hiriente. Nunca se pasa por televisión, no se ha editado nunca en vídeo (ni, por supuesto, en DVD), los jóvenes no la han visto, y algunos de los que la vieron han preferido olvidar esa visión de pesadilla que supo no ser cruel, ni escandalosa, ni retórica, ni compasiva, ni periodística -es justo lo contrario que un reportaje, un verdadero documento-, ni melodramática, ni panfletaria.
No es una película preconcebida, ideológicamente inspirada por la corriente, entonces en boga, de la antipsiquiatría. En eso, y por eso, supera no sólo cualquier cosa mostrada por los americanos neoyorkinos, sino también los manifiestos un tanto retóricos de Bellocchio y sus amigos Silvano Agosti, Sandro Petraglia & Stefano Rulli (Matti da slegare), de Ken Loach (Family Life), incluso de Raymond Depardon & Sophie Ristelhueber (San Domingo). Fueron a ver y eso que se encontraron lo reflejaron con lealtad hacia los retratados, tal cual, sin añadir gran cosa de su cuenta. No hacía falta. Y ellos no sabían cuál pudiera ser la solución. Lo único claro es que lo que encontraron les produjo horror, el mismo horror desnudo que provocó la película en sus contados espectadores, que no hemos podido olvidarla.
ANIMACIÓN EN LA SALA DE ESPERA (1981)
Animation dans la salle d'attente
de Carlos Rodríguez Sanz et Manuel Coronado
Seuls quelques débutants inconscients pouvaient penser à filmer sans détour – il faudrait vérifier comment ils y parvinrent – la réalité désolante d'un hôpital psychiatrique de l'Espagne de l'immédiat après-dictature. Ce fut le premier et unique film de ses deux coréalisateurs : Carlos Rodríguez Sanz, critique de cinéma et de théâtre assez connu, décédé en 1981, et Manuel Coronado, aussi inconnu de moi aujourd'hui qu'alors.
Ils réussirent un film qui n'avait rien de conventionnel. Nu, sec, dur et âpre, comme peu de films tournés en Espagne, avant, bien sûr, mais aussi après. Sans lieux communs, sans acteurs mais avec des vrais personnages. Ne considère-t-on pas comme fou celui qui se croit habité par un autre être ? N'agit-il pas de manière non conforme à ce qui est statistiquement défini comme "normal", sans respecter les normes établies de la bonne éducation, de la courtoisie et de l'hypocrisie ? Ne raconte-t-il pas des histoires que personne ne croit, celles auxquelles on cherche des explications symboliques, métaphoriques, traumatiques ?
Comme il ne savaient pas "faire" du cinéma mais seulement ce qu’on peut apprendre à le voir, et qu'il leur manquait jusqu'aux rudiments de la technique, et plus encore les habitudes acquises et le sens de la routine qui passent parfois pour du "métier", ils se débrouillèrent comme ils purent, avec peu de temps et peu de moyens matériels, profitant de la confusion et de la liberté inouïe, récemment retrouvée en ces années de la "Transition". Il n'en fallait pas plus pour capter sans fard une réalité blessante. Jamais ce film ne passe à la télévision, jamais il n'a été édité en vidéo ni en DVD, les jeunes ne l'ont pas vu, et certains de ceux qui l'ont vu ont préféré oublier cette vision de cauchemar qui avait su n'être ni cruelle, ni scandaleuse, ni rhétorique, ni compassionnelle, ni journalistique - c'est très exactement le contraire d'un reportage : un vrai document – ni mélodramatique, ni pamphlétaire.
Ce n'est pas un film préconçu, idéologiquement inspiré par le courant, alors en vogue, de l'antipsychiatrie. En cela, et pour cela, il dépasse non seulement n'importe quelle chose montrée par les New-yorkais, mais aussi les manifestes un rien rhétoriques de Marco Bellocchio et ses amis Agosti, Petraglia et Rulli (Matti da slegare / Fous à délier), de Ken Loach (Family Life), ou même de Raymond Depardon et Sophie Ristelhueber (San Clemente). Ils allèrent voir, et ils rapportèrent ce qu'ils rencontrèrent avec loyauté envers ceux dont ils faisaient le portrait. Tel quel, sans ajouter grand-chose de leur propre compte. Ce n'était pas nécessaire. Ils ne savaient pas quelle pouvait être la solution. La seule chose claire est que ce qu'ils rencontrèrent les horrifia. Cette même horreur nue que le film inspira le film à ses rares spectateurs, et qui nous le rendit inoubliable.
[Texto en francés redactado por Miguel Marías]
Para Cinéma du Réel 2005 (marzo de 2005)
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